Premier bilan après les ides de mars

Actualités - 26 mai 2020

Premier bilan après les ides de mars

A l’image de cette fameuse journée festive du calendrier romains, le mois charnière entre l’hiver et le printemps devait confirmer un début d’année prometteur pour le marché du meuble, mais la crise sanitaire a provoqué une dégradation majeure de la conjoncture. Explications de l’Ipéa.     

 

Sur les deux premiers mois de l’année, avant l’explosion de la pandémie, les fermetures massives de points de vente et le confinement, les signaux étaient encore bien orientés et laissaient espérer une année dans la lignée de la précédente pour le marché du meuble. Mais la crise sanitaire a frappé, conduisant le gouvernement à prendre la mesure radicale d’un confinement général de la population française. Un premier bilan vient d’être dressé par l’Institut de prospective et d'études de l'ameublement.   

 

Sans surprise, les ventes de meubles sont en chute libre sur le mois de mars, confinement oblige. Ainsi, elles reculent en valeur de 51,6% suite à la fermeture des magasins à partir de la moitié du mois. Ce chiffre est toutefois à manier avec précaution et est pour le moment provisoire, la collecte de données s’étant révélée plus difficile que d’ordinaire et une partie de l’information ayant dû être extrapolée. A cet arrêt de l’activité s’ajoute également la baisse de la fréquentation des quinze premiers jours suite aux débuts de la pandémie qui a renforcé l’impact de la fermeture des magasins sur la performance du mois de mars.

 

Vu la situation, personne ne parvient à tirer son épingle du jeu sur le mois du côté des enseignes de la distribution physique et la chute d’activité est supérieure à 50% pour bon nombre d’entre elles. Du côté de la vente en ligne, si la chute est moins marquée, elle reste forte, les ménages n’ayant pas forcément l’esprit tourné vers la consommation de meubles. Certains sites appartenant à des enseignes de vente physique ayant aussi renoncé à poursuivre leur activité alors que d’autres sites plus généralistes ont pour leur part stoppé la livraison de certains produits pour se concentrer sur la livraison de ceux considérés comme étant de première nécessité. A noter, que certains sites ont déjà engagé de fortes promotions pour maintenir l’activité.

 

En termes de cumul, le marché recule de 16,2% sur le premier trimestre, les résultats du mois d’avril devraient encore accentuer plus fortement la tendance avec cette fois-ci des magasins qui auront été fermés sur l’ensemble du mois, et ce même si certains acteurs auront commencé à proposer en avril des solutions de click and collect pour certains de leurs magasins afin de limiter les pertes.

 

Depuis le dimanche 15 mars, tous les magasins ne commercialisant pas des biens de première nécessité sont fermés. Une note de l’Insee publiée le 23 avril met en avant les conséquences de ces fermetures sur l’activité économique du pays.

45%, c’est selon l’Insee la part d’établissements de commerce de détail et de l’artisanat commercial qui ont fermé leurs portes suite au décret du 23 mars 2020 interdisant l’accueil du public. Selon une étude publiée par l’Insee au début du mois d’avril, le nombre de points de vente dans le commerce de détail s’élèverait à un peu plus de 300 000 dont un tiers concernerait l’alimentaire et près de 40 000 l’équipement de la maison. Ce sont donc près de 150 000 points de vente qui sont fermés depuis la mi-mars. La majeure partie de l’activité est également arrêtée en ce qui concerne l’équipement de la maison. Si certaines enseignes, de bricolage notamment, permettent encore de commander avant de venir retirer les produits en magasin voire même commencent à rouvrir leurs portes pour quelques-unes d’entre elles, les meubles ne sont pas les produits les plus plébiscités par les consommateurs, peu d’entre eux étant équipés pour aller chercher eux même les produits lorsqu’ils sont encombrants.

3, soit le nombre de points de croissance perdus pour un mois de confinement complet selon l’Insee. Le confinement ayant débuté le mardi 17 mars et devant se terminer le 11 mai, date d’objectif fixée par le gouvernement, il faut donc déjà compter sur six points de croissance perdus au minimum sur la période. Cette chute sera toutefois plus importante car il est totalement improbable que l’activité économique reparte comme si rien ne s’était passé dès la sortie de confinement. La remise en route sera longue et la perte de croissance devrait se poursuivre de longues semaines après le confinement. Le FMI reste toutefois plus optimiste pour la France que pour d’autres pays et prévoit une récession en 2020 de 7,2% contre 8% pour l’Espagne, 9,2% pour l’Italie et 7,5% pour la zone Euro. Le gouvernement français table pour sa part sur un recul de 8% dans l’Hexagone.

 

De l’impact des restaurants sur les cuisines ouvertes… ou non   

Sur les deux premiers mois de l’année, la production de cuisine demeurait bien orientée comme lors des exercices précédents. Toutefois, comme tout le reste de la production nationale, une fois la fabrication des dernières commandes passées avant la fermeture des points de vente réalisée, l’industrie de la cuisine se retrouve également au point mort. Même si le redémarrage devrait être lent comme pour tous les secteurs de l’industrie et du commerce, l’engouement des Français devrait être encore présent pour la pièce cuisine, d’autant plus que ces derniers seront restés enfermés de nombreuses semaines chez eux. La fermeture des restaurants aura sans doute poussé bon nombre d’entre eux à réinvestir la cuisine.

 

Le bureau et les magasins à la même enseigne 

Comme pour la consommation, la pandémie de Covid 19 brise une dynamique positive également en ce qui concerne la production de mobilier. C’est notamment le cas en ce qui concerne le mobilier de bureau et de magasin qui avait réussi à démarrer l’année sur une forte croissance sur les deux premiers mois compensant la contre-performance de 2019 sur la période et après deux exercices en fort recul en 2018 et 2019. Si les chiffres du mois de mars ne sont pas encore disponibles, il est probable que le recul enregistré à fin mars sera proche celui de l’année dernière sur les trois premiers mois (-13,9%).

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